Tribune dans le film français

Après la diffusion de notre récent communiqué au sujet des séances scolaires, le film français a proposé à Anne Lidove, présidente de l’ANCI, de revenir sur le sujet dans une tribune libre qu’il a fait paraître le 12 février dernier.

Des enfants assis dans une salle de cinéma aux fauteuils rouges vus de dos.

“Les cinémas itinérants et la crise sanitaire: l’éducation à l’image sauvera-t-elle notre profession?”

 » L’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire mondiale qui a de fortes répercussions dans tous les domaines de la société et dans de nombreux secteurs économiques. L’exploitation cinématographique n’a pas été épargnée et les circuits itinérants, comme toutes les salles, ont été contraints de suspendre leur activité à deux reprises. À ce jour, nous attendons toujours de pouvoir rouvrir…

 Le CNC vient de révéler que la fermeture des salles pendant 162 jours en 2020 avait entraîné une baisse de près de 70% de la fréquentation, avec seulement 65,1 millions de spectateurs (contre un peu plus de 213 millions en 2019). Qu’en est-il pour les circuits itinérants?

L’Association nationale des cinémas itinérants a mesuré concrètement les effets de cette crise en questionnant les 109 circuits français, dont 64 sont adhérents de l’association. 60% des circuits ont répondu. La baisse moyenne des entrées entre 2019 et 2020 est de 61,75%, avec une disparité des effets de la crise: jusqu’à 90% de perte d’exploitation pour certains exploitants, seulement 33% pour les moins impactés. Plus d’un tiers des circuits ont vu des points de projection ne pas rouvrir pendant la période autorisée.

Les circuits de cinéma itinérant s’en sortent plutôt mieux que la moyenne de l’exploitation, pour le moment.

En effet, la période estivale, pendant laquelle les circuits organisent souvent des séances en plein air, a permis de réduire l’impact financier de la crise sanitaire de ceux qui les mettent en œuvre, et le recours au chômage partiel a évité le licenciement d’une partie des équipes. Néanmoins, quelques circuits risquent de se trouver prochainement en grande difficulté.

La réouverture qui se fait attendre va aggraver leur situation. Les subventions ne suffisent pas à faire tenir le secteur qui a besoin, comme toute la profession, de ses recettes. La seconde reprise sera plus complexe que la première.

Les habitudes de consommation des films ont profondément changé durant cette année 2020. Les abonnements aux plateformes ont considérablement augmenté et les nouveaux films restent bloqués, quand ils ne sont pas proposés directement en VàD, dérogeant à la chronologie des médias pourtant durement défendue par la profession. Le secteur entier est en grande souffrance et même si les circuits itinérants ne sont pas les plus impactés, ils sont tributaires d’une organisation de la filière et d’une économie sectorielle.

Certains circuits ont été sollicités par des établissements scolaires ou des élus locaux pour organiser des séances pour les élèves. À ce jour, les établissements scolaires peuvent effectivement accueillir des intervenants extérieurs, et les salles polyvalentes peuvent recevoir du public dans un cadre précis. Il est tentant de répondre positivement à leurs demandes, pour reprendre des activités et remplir notre mission d’éducation à l’image.

Cependant, solidairement avec la profession, l’ANCI incite l’ensemble des circuits itinérants à respecter l’interdiction actuelle d’ouverture et d’organisation de séances de cinéma, et suggère de maintenir le lien avec les établissements scolaires basés dans les communes des points du circuit, en proposant des activités et des ateliers d’éducation à l’image mais en excluant les projections. Le cœur des dispositifs scolaires est en effet de permettre la découverte des films dans des conditions de projection cinéma optimales, dans les lieux prévus pour cela: la salle de cinéma, la salle autorisée par le CNC pour accueillir les projections itinérantes.

L’ANCI se joint à la FNCF pour demander au ministère de la Culture que soient autorisées au plus vite les séances scolaires dans les points de circuit comme dans les autres salles de cinéma, dans le respect des normes sanitaires qui seront nécessaires et imposées. Il en va de la survie de nos activités, comme de la nécessaire éducation à l’image des enfants et des jeunes, qui doit continuer, voire être renforcée dans cette période de crise. L’ANCI souhaite s’associer aux réflexions sur l’organisation de ces séances, aux côtés de la FNCF, de Passeurs d’Images et des associations régionales, afin de sauver l’année de programmation des dispositifs scolaires d’éducation à l’image. Les enjeux de l’éducation à l’image et aux médias sont en effet primordiaux. Les jeunes ont besoin d’être guidés dans la constitution de leurs références et dans la compréhension des images, pour mieux résister aux manipulations. Ils sont demeurés, durant ces longs mois, plongés et souvent esseulés dans le monde des images et, parfois, des mensonges. Plus qu’auparavant encore, nous consacrerons notre énergie et nos moyens pour mettre en œuvre des actions qualitatives, pertinentes et d’envergure, en tant que partenaire de l’Éducation nationale, en temps scolaire et hors temps scolaire. ❖

Anne Lidove, présidente de l’ANCI

in le film français du 12 février 2021

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